DESTRUCTION

“DESTRUCTION” - Younobo photographie
Aujourd’hui je bois pour oublier.
L’alcool est mon ami ! Ceux qui ne me connaissent pas ne voient qu’une fille sans cerveau en marge de la société. Ceux qui me connaissent peuvent me comprendre. La vie bascule en un instant. Je me souviens parfaitement de ce moment, et pourtant mon esprit rend ces images floues. Volontairement ? J’avais mis de jolis vêtements pour mes 18 ans pour cette soirée, insouciante et heureuse. Je voulais m’amuser, rire. Je n’avais pas vu qu’il m’observait.
Je n’ai rien fait pour cela, pourtant je m’interroge toujours : ai je été coupable d’ une attitude nocive ou suis je une victime innocente ?
Son regard s’est posé sur moi, j’ai compris. Sa proie. Il a posé ses mains sur mes fesses. J’ai tenté de lui enlever, mais il m’a retournée et m’a agrippée par derrière très fort, dans ce petit coin noir. Me débattre fut vain. Il a glissé ses mains sur ma poitrine. J’étais glacée, pétrifiée. Il était déjà trop tard. Faire de moi son objet de plaisir l’espace d’un instant était sa seule intention sans espèce d’intelligence.
Il m’a jetée par terre, a baissé son pantalon et m’a violée. Je suis salie à jamais. Mon corps et mon âme.
Je suis resté prostrée longtemps, sans bouger. Je n’ai rien dit. Je suis triste à chaque instant désormais, en marge de tout contact.
Aujourd’hui je bois pour oublier.
Le viol en France est un phénomène de société dont l'ampleur est estimée à 75 000 cas par an en France, soit 10 pour 10 000 habitants. Cette statistique ne reflète sans doute pas la réalité car beaucoup de victimes restent dans l’anonymat. Les séquelles sont parfois « à vie » : dépression, avortement, manque de confiance en soi, peur chronique… Aujourd’hui, des mouvements naissent partout pour lutter contre ce fléau.